
Douleur chronique, troubles musculo-squelettiques, fibromyalgie ... Quelles différences ?
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Introduction
La douleur est une expérience sensorielle et (ou) émotionnelle désagréable généralement associée à des dommages physiques au corps.
Le ressenti de la douleur est un phénomène très subjectif qui peut être extrêmement différent selon les individus, mais aussi chez une même personne, selon son environnement.
Le contexte affectif, socio-culturel, économique … peut largement moduler la perception de la douleur. Il existe en effet un lien étroit entre la douleur et le contexte psychosocial.
L’imagerie cérébrale montre d’ailleurs que les centres cérébraux responsables de la perception de la douleur sont liés aux centres des émotions.
La douleur est une expérience unique et personnelle qui peut varier considérablement d'une personne à l'autre. Votre expérience de la douleur est influencée par :
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la biologie
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la psychologie
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des facteurs émotionnels
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des facteurs sociaux
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des facteurs spirituels
La douleur aiguë joue un rôle d’alarme qui va permettre à l’organisme de réagir et de se protéger face à un stimulus mécanique (choc, hématome, fracture, ...), chimique ou thermique : elle est liée à des stimulations intenses qui déclenchent immédiatement un mécanisme de transmission d’informations depuis les terminaisons nerveuses – les récepteurs de la douleur appelés nocicepteurs, localisés au niveau de la peau, des muscles, articulations, viscères… – vers le cerveau. Par exemple : j'approche la main du feu, ça chauffe trop et devient douloureux, je recule ma main.
La douleur chronique
La douleur chronique est définie comme une douleur qui dure ou réapparaît pendant plus de trois mois." (OMS, 2019). De par sa persistance dans le temps, elle affecte considérablement notre comportement et notre bien-être. Elle devient alors la maladie à traiter, indépendamment de sa cause initiale. Elle peut apparaître à tout âge, de la petite enfance à la vieillesse. Elle touche les hommes comme les femmes. La douleur chronique peut être liée à une maladie, à une déficience, à une infection ou encore à une opération. Elle peut aussi apparaître suite à un accident.
" L’expression - C’est dans votre tête - est couramment entendue par les personnes avec des douleurs chroniques.
Elle sous-entend qu’il existe :
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des douleurs "réelles", facilement identifiables et donc légitimes.
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des douleurs ”imaginaires”, “dans la tête”, moins dignes d'intérêt et moins dignes d'être soignées.
Elle décrédibilise la personne venue chercher de l’aide, peut créer un isolement, et lui fait porter le poids de ce qu’elle vit sans proposer de solutions.
Elle décrédibilise les personnes souffrant de troubles psychiques et minimise l'importance de la santé mentale.
Vos douleurs sont légitimes et méritent d’être entendues et soignées." AFVD (cliquez pour voir Sources Douleur Chronique)
Douleurs chroniques primaires et secondaires
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La douleur chronique primaire est considérée comme une maladie en soi. Elle est caractérisée par une incapacité (invalidité) ou une détresse émotionnelle et ne s'explique pas mieux par un autre diagnostic de douleur chronique. Les douleurs chroniques primaires incluent notamment les douleurs chroniques généralisées telles que la fibromyalgie, la douleur du bas du dos non spécifique, le syndrome douloureux régional complexe…, ainsi que des maux de tête et des affections primaires comme la douleur pelvienne chronique et le syndrome du côlon irritable.
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La douleur chronique secondaire est un symptôme d'une maladie sous-jacente. Elle est classée dans les six catégories suivantes :
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Douleur chronique liée aux cancers
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Douleur chronique post-chirurgicale ou post-traumatique
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Douleur neuropathique chronique
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Céphalées ou douleurs orofaciales chroniques
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Douleur viscérale chronique secondaire
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Douleur musculo-squelettique chronique secondaire (due à une inflammation persistante …)
La douleur chronique est une douleur qui se prolonge dans le temps. Cependant elle peut exister après la guérison d'une lésion ou d'une maladie et elle n'a alors plus d'utilité. Le corps signale de manière erronée au cerveau qu'il y a une douleur alors qu'en réalité il n'y a plus de lésion présente.
Douleur neuropathique et douleur nociplastique
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Une douleur neuropathique est due à des lésions situées dans le système nerveux au niveau du cerveau, de la moelle épinière ou des nerfs. Elle peut survenir après une maladie, suite à une lésion qui a depuis disparue ou à cause d’un dysfonctionnement du système nerveux lui-même. Les sensations douloureuses peuvent être :
- permanentes : brûlures, froid ;
- ponctuelles : décharges électriques parfois accompagnées de picotements, de fourmillements, d’engourdissements ou de démangeaisons.
↪︎ Des stimulus qui ne sont normalement pas douloureux peuvent aussi provoquer des douleurs très fortes comme le frottement des vêtements sur la peau. C’est ce qu’on appelle l’allodynie. À l'inverse, la zone douloureuse est souvent insensible au toucher et aux piqûres.
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Une douleur nociplastique est due à un dysfonctionnement des systèmes de contrôle de la douleur. Les mécanismes à l’origine de ce type de douleurs sont encore très mal connus.
↪︎ Contrairement aux douleurs neuropathiques et nociceptives, les examens cliniques ne révèlent ni lésions, ni atteintes des nerfs. La fibromyalgie, les céphalées de tension et les troubles fonctionnels intestinaux ( syndrôme du côlon irritable, ...) sont sources de douleurs chroniques nociplastiques.
Traitements pour la douleur chronique
Ils varient selon le type de douleur et selon chaque patient.e : ils peuvent être médicamenteux, et / ou "non pharmacologiques" pour accompagner les patient.e.s vers du mieux-être tels que la kinésithéraphie, l'accompagnement psychologique, l'ostéopathie, la pratique d'exercices adaptés, l'hypnose, ... . Il est aussi possible de mentionner la neuromodulation transcutanée électrique externe, ainsi que la stimulation électrique médullaire.
Si vous avez une douleur chronique, parlez-en à votre médecin afin qu'il vous propose un plan de prise en charge adapté.
Si vous êtes déjà en parcours de soin, que vous vous demandez comment l'ostéopathie peut vous aider, contactez-moi afin que nous discutions de votre situation.
Vous pouvez aussi contacter l'Association Francophone pour Vaincre la Douleur, ou si vous souhaitez des informations sur la fatigue chronique et la fibromyalgie : Association FibromyalgieSOS. Ces deux associations proposent un numéro d'appel ainsi qu'un contact par e-mail pour se renseigner, trouver du soutien, que l'on soit patient.e, aidant, ou soignant.
Sources Douleur Chronique :
https://www.inserm.fr/dossier/douleur/
https://www.chuv.ch/fr/neurochirurgie/nch-home
https://www.association-afvd.com/les-douleurs-chroniques/cest-quoi-une-douleur-chronique
https://www.changepain.fr/comprendre/douleurs-chroniques-classification-et-definition
Les troubles musculo-squelettiques, ou TMS
Ils recouvrent un large ensemble d'affections de l'appareil locomoteur, pouvant être provoquées ou aggravées par l’activité professionnelle. Ils se traduisent principalement par des douleurs et une gêne fonctionnelle (raideur, maladresse soudaine, ou une perte de force, ...) plus ou moins importantes mais souvent quotidiennes.
Origine et zones touchées
Ils sont d’origine non-traumatique, souvent liés au travail, et touchent les muscles, tendons, articulations, ligaments ou certains nerfs, et se distinguent donc des traumatismes aigus et accidentels (liés aux chutes, coups, actes de violence, ...) car ils se manifestent lorsque les capacités d’adaptation et de réparation des tissus sont dépassées :
Les TMS résultent en effet d'un déséquilibre entre les capacités physiques du corps et les sollicitations et contraintes auxquelles il est exposé. Ils peuvent apparaître rapidement. Toutefois, ils s'installent le plus souvent de façon progressive après une longue période de sollicitations intensives de la zone du corps atteinte : il s’agit le plus souvent de douleurs musculaires, de tendinites (inflammations d’un ou plusieurs tendons ou gaines tendineuses) ou de syndromes canalaires (compressions d’un nerf ou racine nerveuse dans un passage). Les lombalgies (douleurs au niveau du bas du dos), les cervicalgies (douleurs au niveau du cou), le syndrome du canal carpien au poignet, le syndrome de la coiffe des rotateurs à l'épaule, l'épicondylite latérale au coude font partie des TMS les plus fréquents. Moins fréquents, les TMS des membres inférieurs existent également, en général au niveau du genou.
Facteurs de risque des troubles musculo-squelettiques
Toutes les activités peuvent entraîner leur apparition :
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Le lien entre des activités professionnelles et la survenue et l'aggravation des TMS est aujourd'hui bien établi. C'est pourquoi beaucoup de ces TMS sont inscrits aux tableaux des maladies professionnelles.
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Les loisirs (le jardinage, le bricolage, la pratique sportive...) peuvent également provoquer leur survenue ou leur persistance.
Les facteurs favorisant les TMS sont multiples :
↪︎ Facteurs biomécaniques : il s’agit des mouvements de force, des postures extrêmes, telles que les gestes effectués les bras au–dessus des épaules, la répétition fréquente du même geste, le travail statique, le port de lourdes charges, les vibrations et chocs mécaniques, ...
↪︎ L'environnement joue également un rôle : le froid et le bruit sont des facteurs aggravant les contraintes mécaniques, ou un éclairage déficient (ex. : effectuer une tâche sous un éclairage inadapté peut également favoriser l'apparition d'un TMS à cause d'une posture inconfortable), etc.
↪︎ Les contraintes psychosociales : ces facteurs reposent sur la façon dont le travail est perçu par les salariés, comme l’insatisfaction d’un travail monotone, le manque d'autonomie, la tension engendrée par les délais à respecter, le manque de reconnaissance professionnelle et des relations sociales dégradées, l'absence de soutien du supérieur hiérarchique et des collègues, l’insécurité de l’emploi.
↪︎ Les contraintes organisationnelles aggravent les TMS : elles sont liées à l'organisation du travail (rythme de travail, horaires, contenu du travail…), aux conditions d’exercice du geste professionnel (délai de réalisation trop court, temps de récupération insuffisant...).
↪︎ Les facteurs individuels favorisant la survenue de TMS : l’âge est responsable d'un vieillissement des structures péri-articulaires. Les troubles physiques (diabète, hypothyroïdie, rhumatisme inflammatoire, fatigue chronique, baisse de l’immunité, ...) ou psychologiques sont à prendre en compte dans l’apparition de ces troubles.
Troubles musculo-squelettiques, entreprise et prévention
Sept secteurs d'activité professionnelle sont particulièrement touchés par les TMS : transport et logistique, commerce, agroalimentaire, bâtiment et travaux publics, propreté, industrie métallurgique, aide et soins à la personne notamment au sein des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Cela n'empêche bien entendu pas l'apparition de TMS si vous exercez dans un autre domaine, mais les facteurs de risque sont moindres.
Les TMS sont une des principales causes d'incapacité dans les entreprises. Ils sont de loin les maladies professionnelles reconnues les plus fréquentes, résultat de multiples causes et facteurs. L’accroissement des contraintes de productivité et l’intensification du travail expliquent en partie l’augmentation des TMS dans la population active au cours des deux dernières décennies.
↪︎ Ils sont une source de désorganisation majeure au sein des entreprises, pouvant avoir un impact majeur en matière d'absentéisme et de turnover. Les troubles musculo-squelettiques occupent la 1re place des maladies professionnelles indemnisées, représentant 88 % des maladies professionnelles reconnues par le régime général (sécurité sociale).
↪︎ La prévention des TMS liés au travail est donc un enjeu prioritaire en santé publique : des solutions de prévention peuvent être mises en place. Notons également que certains facteurs de risque de TMS sont concernés par les obligations réglementaires touchant à la pénibilité du travail. Les médecins et psychologues du travail sont à même d’identifier les situations et les personnes à risque, peuvent aider un salarié à décrypter certains conflits, et proposer aux entreprises des adaptations de postes de travail ou d’équipements. Le code du travail énonce d’ailleurs clairement 9 principes généraux de prévention en terme de santé au travail (article L. 4121-2) que chaque employeur est tenu d’appliquer et de faire respecter. Cela permet non seulement de réduire le risque de TMS mais conduit aussi à améliorer la qualité de vie au travail des salarié.e.s.
Vous pensez souffrir de troubles musculo-squelettiques ? Parlez-en à la médecine du travail ou à votre médecin généraliste. Une prise en charge peu de temps après l'apparition des gênes ou douleurs permettra d'éviter que cela devienne chronique. Il y aura la plupart du temps un accompagnement par le kinésithérapeute.
Si vous êtes déjà suivi médicalement, mais qu'il y a peu d'évolution, contactez-moi pour m'exposer votre situation afin de décider si l'ostéopathie peut vous aider.
Sources Troubles Musculo-Squelettiques :
https://www.inrs.fr/risques/tms-troubles-musculosquelettiques/ce-qu-il-faut-retenir.html
https://www.ameli.fr/haute-garonne/assure/sante/themes/tms/comprendre-troubles-musculosquelettiques
La fibromyalgie
Fibromyalgie signifie littéralement «douleur des fibres musculaires». Le tableau clinique va toutefois bien au-delà des muscles, tendons, fascias. C’est pourquoi on parle aussi de "syndrome de fibromyalgie". L’OMS l’a retiré du groupe des maladies rhumatismales et l’a reclassé dans le groupe nouvellement créé des syndromes douloureux chroniques primaires.
Aux douleurs chroniques étendues s’ajoutent souvent des troubles du sommeil, un épuisement chronique et des troubles de la concentration, sensation d'être "dans le brouillard", ainsi que de nombreux autres troubles associés possibles, comme une anxio-dépression réactionnelle.
La fibromyalgie n’est pas une maladie si rare. Dans les pays industrialisés occidentaux, entre 1 et 5% de la population en sont atteints, généralement au début ou au milieu de l’âge adulte. Les femmes sont deux à cinq fois plus touchées que les hommes. La maladie est plus fréquente chez les personnes souffrant de rhumatismes inflammatoires que dans la population moyenne.
Classification et diagnostic
La fibromyalgie a été reconnue comme entité médicale par l’OMS en 1992 et classée en tant que douleur chronique généralisée. Malgré cette reconnaissance institutionnelle, la maladie fait encore l’objet de polémiques : le nombre de symptômes différents et l’absence de lésion ou de dysfonctionnement organique identifiable explique les doutes longtemps émis par une partie du corps médical sur le fondement rationnel de cette maladie. Il est possible que ces anomalies existent mais ne soient pas décelables par les techniques d’exploration actuelles.
Les critères utilisés sont donc fondés sur les symptômes. Les médecins prennent en compte un score de douleurs diffuses, qui s’appuie sur leur localisation et leur intensité, ainsi qu’un score de sévérité des symptômes associés (fatigue, troubles cognitifs…). Après avoir éliminé l'hypothèse d'autres pathologies, le diagnostic de fibromyalgie peut être posé. Il existe aussi un auto-questionnaire qui permet aux patients d’évaluer simplement et rapidement s’ils peuvent être concernés par la maladie. Baptisé FiRST, il repose sur 6 questions explorant l’existence de douleurs diffuses et leur nature.
Symptômes de la fibromyalgie
La fibromyalgie fait partie des syndromes de sensibilisation centrale, au même titre que certaines céphalées chroniques ou que le syndrome de l’intestin irritable. Elle regroupe typiquement :
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Des symptômes neurologiques : douleurs chroniques diffuses spontanées, principalement au niveau des muscles, des tendons ou des articulations. Certain.e.s se plaignent aussi d’une allodynie (douleur liée à un stimulus considéré comme normalement indolore) ou de crises aiguës de douleurs dont la localisation peut être différente de celle des douleurs chroniques. Enfin, des fourmillements, picotements ou une hypersensibilité à des stimulations sensorielles sont parfois associés.
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Une fatigue chronique, qui concernerait 3 patients sur 4, sans que l’on soit capable de déterminer si elle découle des autres symptômes associés à la fibromyalgie ou si elle en constitue un symptôme propre.
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Des troubles du sommeil, qui affectent une majorité des patients fibromyalgiques, comme dans d’autres maladies douloureuses chroniques.
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Hypersensibilité et troubles de la sensibilité, troubles émotionnels.
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Symptômes végétatifs : dus à des troubles de la régulation du système nerveux végétatif (autonome). Il s’agit notamment de troubles digestifs, d’un pouls irrégulier, de palpitations cardiaques, de mains et de pieds froids, de transpiration lors d’un effort physique minime, d’une baisse de l’intérêt sexuel et d'autres troubles.
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Des troubles anxieux et dépressifs sont également souvent retrouvés, avec parfois un risque suicidaire accru.
Parallèlement, beaucoup des personnes atteintes se plaignent de troubles cognitifs - de l'attention, de la mémorisation, de la concentration, brouillard mental, ... - et de condition physique dégradée, notamment par peur des douleurs lors des mouvements (kinésiophobie). La fibromyalgie se caractérise donc par une importante variabilité de la nature et de l’intensité des symptômes, aussi bien d’un patient à l’autre que chez un même patient au cours du temps.
Facteurs de risque favorisant l'apparition et le maintien des symptômes
La fibromyalgie serait d’origine multifactorielle, liée à des facteurs à la fois biologiques, psychologiques et sociaux.
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Sur le plan biologique, deux mécanismes sont avancés pour expliquer ces douleurs nociplastiques : la première serait centrale, avec des seuils de perception de la douleur plus bas et une hyperexcitabilité des mécanismes de détection. La seconde serait à l’inverse d’origine périphérique, liée à l’altération spécifique de certaines fibres nerveuses (selon des études récentes, 50% des personnes atteintes ont des fibres nerveuses fines endommagées, ce que l’on appelle une neuropathie des petites fibres. Mais la question de savoir s’ils sont la cause ou la conséquence de la fibromyalgie est controversée). Il n’est pas exclu que les deux mécanismes existent simultanément.
Rq : La recherche sur la fibromyalgie s’intéresse également aux inflammations chroniques du système nerveux central (neuro-inflammation) et de l’ensemble de la circulation sanguine. D'un autre côté, des troubles du métabolisme énergétique, du métabolisme des graisses et du métabolisme des acides aminés ont été identifiés. Mais on ne sait pas si ce sont les déficits métaboliques qui provoquent la fibromyalgie ou si, à l’inverse, il faut rendre la fibromyalgie responsable de tous les troubles métaboliques.
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Les facteurs psychologiques sont importants à considérer dans les mécanismes de la douleur d’une manière générale, et dans les mécanismes de la fibromyalgie en particulier. Le stress influence la manière dont la douleur et les autres stimuli sont traités. Il semble de plus que des traits de personnalité spécifiques, comme le sentiment d’isolement social, le catastrophisme ou les difficultés d’ajustement du comportement face aux évènements douloureux, favorisent sa survenue. Les études menées auprès de groupes de patients décrivent également des antécédents fréquents de traumatismes psychologiques ou physiques (accidents, deuil, violence, chirurgie…).
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Concernant les facteurs sociaux, certaines études ont suggéré que les personnes issues de catégories socio-économiques modestes ou de professions manuelles sont plus volontiers touchées, mais en réalité, la fibromyalgie peut toucher toutes les catégories de la population adulte.
Evolution et prise en charge des patient.e.s
La fibromyalgie évolue de manière très individuelle et imprévisible. On ne connaît pas de méthode de traitement unique pour la guérir. Mais il existe des moyens de traiter les troubles et d’améliorer le bien-être et la qualité de vie. Il est important d’avoir une activité physique et sociale, de mobiliser ses propres ressources et de faire l’expérience de son efficacité personnelle. D’une manière générale, si la fibromyalgie n’altère pas l’espérance de vie, elle a un impact déterminant sur la qualité de vie et la vie professionnelle, le taux d’incapacité associé pouvant atteindre jusque 50% des malades dans certaines études.
↪︎ La prise en charge de la fibromyalgie repose sur une expertise multidisciplinaire. La relation de confiance établie entre le soignant et le soigné constitue un premier élément pour apaiser l’inquiétude au moment du diagnostic, chez des patient.e.s qui ont le plus souvent connu une longue errance médicale.
Le traitement de première intention de la fibromyalgie repose sur des approches non pharmacologiques : le changement d'alimentation montre souvent une amélioration des symptômes, vers une alimentation anti-inflammatoire comme celle conseillée par le Dr Seignalet par ex., ou mettre en place une alimentation avec peu ou pas de gluten (il existe de nombreuses possibilités, à vous d'essayer et de trouver ce qui vous correspond). La remise en activité, essentiellement à travers une activité physique adaptée (APA) encadrée par un professionnel : grâce à l’imagerie médicale, il a en effet été décrit que l’activité physique agit sur le contrôle de la douleur au niveau cérébral. Les exercices doivent être personnalisés, afin que leur nature et leur fréquence soient adaptées aux douleurs et au rythme de vie du patient. Le yoga, le qi gong, la pleine conscience, ou des exercices de mobilité simples associés à de la respiration peuvent aussi être envisagés.
L’approche psychosociale est également importante. Loin d’être proposée par défaut, elle vise à favoriser l’amélioration de la modulation de la douleur, qui est altéré dans la fibromyalgie. Elle peut notamment reposer sur :
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Une psychothérapie par thérapie cognitivo-comportementale (TCC), qui permet d’améliorer la qualité de vie, de promouvoir l’estime de soi, le sentiment d’auto-efficacité, de réduire le stress et d’encourager le/la patient.e à s’engager dans des stratégies d’ajustement. L’hypnothérapie peut aussi aider à la remise en mouvement.
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L’éducation thérapeutique du patient (ETP), qui l’aide à mieux comprendre et gérer sa maladie au quotidien, à s’investir dans sa prise en charge, et à améliorer sa qualité de vie. Ce type de programme consiste en plusieurs sessions, collectives et/ou individuelles, d’information, de formation et d’échange.
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Gestion de l'énergie : planifier une utilisation dosée de l’énergie physique et mentale disponible, de courtes pauses et de longues phases de récupération
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Journal de la douleur : tenir un journal de la douleur pendant deux ou trois semaines peut être une expérience précieuse. Les personnes souffrant de douleurs font l’expérience de leur propre efficacité lorsqu’elles placent leurs propres symptômes sous observation et qu’elles contribuent à améliorer le traitement de manière individuelle en établissant une chronique de leurs expériences en matière de douleurs.
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Gestion des relations : l’isolement social est un risque en cas de fibromyalgie. Il est donc d’autant plus important de cultiver les relations qui nous font du bien, dans le cercle de la famille, des amis et des connaissances. Le contact avec d’autres personnes atteintes est tout aussi important, que ce soit dans le cadre d’une thérapie de groupe ou d’une organisation de patient.e.s.
Rq : Des associations de patient.e.s, comme FibromyalgieSOS ou AFVD, proposent écoute, partage et entraide aux personnes malades.
Dans un second temps, des traitements pharmacologiques peuvent être prescrits : des médicaments (antalgiques, antiépileptiques, antidépresseurs) peuvent être utilisés pour soulager la douleur, mais leur usage doit rester ponctuel. L’efficacité de ces traitements n’est pas observée chez tous les patients, et elle est le plus souvent partielle. La neurostimulation non invasive (stimulation magnétique transcrânienne) est aussi développée dans certains centres de traitement de la douleur.
L’évolution des connaissances cliniques et neuroscientifiques a permis de mieux appréhender la réalité de la fibromyalgie. Cependant, beaucoup reste à faire pour comprendre parfaitement les mécanismes impliqués dans cette maladie et parvenir à une meilleure prise en charge.
Vous pensez être touché.e par la fibromyalgie ? Parlez-en à votre médecin, ou contactez une des associations suivantes pour vous faire conseiller : FibromyalgieSOS, AFVD, Fibromyalgie france.
Vous avez essayé plusieurs thérapies et vous ne constatez pas d'évolution : je peux vous aider, soit via l'ostéopathie ou mon expertise en tant que coach instructeur en respiration, soit en vous orientant vers une autre pratique médicale ou alternative que je pense pertinente pour vous.
Sources Fibromyalgie :
https://www.inserm.fr/dossier/fibromyalgie/
https://fibromyalgiesos.fr/la-fibromyalgie-syndrome-fatigue-chronique/definition/
https://www.ligues-rhumatisme.ch/rhumatismes-de-a-a-z/fibromyalgie (pour rappel, la fibromyalgie n'appartient plus aux rhumatismes mais aux syndrômes douloureux chroniques primaires)
Le ressenti de la douleur va varier d'une personne à l'autre, ainsi que d'une période à une autre chez une même personne. Entourez-vous de personnes de confiance (thérapeutes, famille, amis, collègues,...) qui vous encouragent lors des périodes d'amélioration, et qui sont présentes pour vous soutenir lors de crises ou de nouvelles douleurs. Contactez une association de patients pour trouver de l'aide et échanger avec des personnes dans une situation semblable à la vôtre. Donnez-vous le temps d'explorer les solutions possibles, et gardez confiance en votre corps et sa capacité à vous guider vers les bons choix.
Pour conclure ce long article assez technique :
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Retenons ces différences entre la douleur chronique, les troubles musculo-squelettiques, et la fibromyalgie :
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La douleur chronique persiste ou revient durant trois mois ou plus, et va du niveau de gêne à celui d'incapacité dans la vie quotidienne. Cela va en général retentir sur la santé et le bien-être physique et psychologique, et parfois pousser vers l'isolement.
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Les TMS sont des douleurs souvent en lien avec le travail, dans leur apparition ou leur maintien. Ces douleurs sont souvent localisées aux bras, dos, ou cervicales. Si la prise en charge est tardive, les TMS peuvent entrer dans le tableau des douleurs chroniques secondaires.
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La fibromyalgie fait partie du groupe des douleurs chroniques primaires, et présente entre autre un caractère nociplastique. Il y a plus souvent une errance médicale, comparé à d'autres syndrômes, avant que le diagnostic soit posé : c'est une affection avec une grande variabilité de symptômes, tant dans les douleurs que dans les troubles associés (fatigue chronique, trouble de l'attention, stress, ...).
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Gardez en tête que pour ces trois affections, les facteurs suivants influencent la façon dont vous vivrez votre situation : la biologie, la psychologie, la gestion des émotions et du stress, les facteurs sociaux, et les facteurs spirituels. En complément d'un parcours de soin médical, il peut donc être intéressant de venir piocher dans ces différents domaines, de façon progressive et adaptée à vous, pour construire votre chemin vers un lendemain sans douleur.
Merci pour votre lecture assidue, je reste disponible si vous avez des questions, commentaires, ou si vous souhaitez savoir comment l'ostéopathie et / ou la respiration peut vous aider.